Yves GARY Affichages : 4276
Catégorie : 1871 : DEFI N°2
A son retour en Angleterre à la fin de l'automne, M. Ashbury se mit aussitôt à la construction d'une nouvelle goélette car il avait décidé avant son retour des États-Unis de lancer un nouveau défi pour la Coupe l'année suivante. Bien qu'il n'ait pas fait de protestation officielle à l'époque, il pensait injuste et pas en conformité avec les modalités de la Coupe d'exiger de lui d'affronter la totalité de la flotte du New York Yacht Club...
... Il est donc entré en négociations avec le club pour modifier cela et revoir quelques autres points litigieux avant la prochaine course.
Il s'en est suivi une vive controverse entre avocats qui durera plusieurs mois avant que les choses ne soient réglées. Sans entrer dans le détail de la correspondance, voici un résumé de l'affaire.
La première question en litige était de savoir si le New York Yacht Club lui imposerait encore de naviguer contre toute une flotte. Ceci, soutenait-il, était tout à fait contraire à l'Acte de Donation qui parlait de "match race". Si, toutefois, le New York Yacht Club persistait sur son interprétation précédente, il déclara qu'il obtiendrait alors l'accord du plus grand nombre de Clubs Nautiques en Grande-Bretagne pour contester, chaque Club nommant son représentant pour affronter la flotte du New York Yacht Club.
Ce plan chimérique a été bloqué par le New York Yacht Club qui, au printemps 1871, a finalement demandé sa position dans l'affaire à M. George Schuyler, alors seul membre survivant du syndicat d'origine qui a présenté la Coupe au club. De nombreux plaisanciers des deux côtés de l’océan estimaient que la position du club était intenable, injuste et déloyale et que le mot «match» devait s'appliquer à une course entre deux bateaux.
Ainsi sa lettre de réponse au club M. Schuyler écrit:
Je pense que toute personne honnête admettra que, lorsque les propriétaires de l'America ont écrit leur acte de donation au New York Yacht Club, ils ne se sont guère appesantis sur une définition précise de leur interprétation du mot "match"...
Il me semble que la décision actuelle du club rend le trophée America inutile et sans objectifs sportifs il pourrait aussi bien être mis au placard comme un souvenir de famille. Je ne conçois pas qu'un plaisancier puisse donner un préavis de six mois et traverser l'océan dans le seul but de participer à un challenge presque désespéré... |
Le New York Yacht Club a accepté cette interprétation un peu à contrecœur mais il se réservait encore le droit de rencontrer le challenger avec n'importe quel yacht pour chacune des courses disputées, sélectionner quatre yachts et choisir son représentant seulement au matin de la course. Ainsi, il pourrait choisir pour chaque course un bateau correspondant aux conditions météo, ou en cas d'avarie, pourrait changer à sa guise.
Tout en reconnaissant ces conditions, M. Ashbury avait encore deux points qu'il voulait régler. Il voulait que les Américains choisissent un bateau à quille à peu près du même type que son nouveau bateau car, comme il le prétend, il serait injuste de courir un déplacement léger à dérive contre une goélette à quille de mer. Le New York Yacht Club a refusé ce point et a nommé ses représentants pour la course: deux goélettes à dérive et deux goélettes à quille.
L'autre point en litige était le choix du parcours. Le challenger s'est opposé au New York Yacht Club pour les parcours intérieurs, prétendant qu'un yacht étranger était défavorisé par la connaissance des conditions locales. Il a demandé une série de courses en dehors de Sandy Hook. Ce point a finalement donné lieu à un compromis avec l'alternance des parcours intérieurs (le parcours régulier du New York Yacht Club) et des parcours extérieurs (vingt miles au vent et retour à l'extérieur du phare de Sandy Hook).
A ce stade de la négociation, on se retrouvait au mois de mai, et il était alors trop tard pour donner un préavis de six mois requis d'un des défi si une course devait être navigué en 1871. Donc, le 27 mai, M. Ashbury a demandé au club s'il acceptait de renoncer à la clause du préavis pour une course en Octobre, Livonia pouvant quitter l'Angleterre le 1er Septembre. Le New York Yacht Club a accepté et les préparatifs ont pu commencer pour la course d'octobre.
La renonciation au préavis n'a pas mis un point final à la polémique et le 15 Juin M. Ashbury a écrit pour demander une série de douze courses, joignant les demandes de douze clubs ayant nommé son nouveau bateau comme leur challenger. Le New York Yacht Club a accepté de le rencontrer en douze courses, mais seulement de reconnaître le défi de l'un des clubs nommés, le Royal Harwich Yacht Club.
Après des négociations difficiles, il a été enfin convenu d'effectuer une série de sept courses, en alternant les parcours intérieurs et les parcours extérieurs, le vainqueur de quatre manches remportant la Coupe, seul le Royal Harwich Yacht Club étant reconnu, la première course fixée au 16 octobre.